18 avril 2024

La préférence nationale non Constitutionnelle : et alors ?



« Immigration : c’est officiel, le cœur du projet du RN est contraire à la Constitution ». Tel est le titre de l’article de Challenges suite à une récente décision du Conseil Constitutionnel. Mais on s’en fout. Il faut tout de même se rendre compte que si Marine Le Pen est élue avec un programme portant sur le sujet, elle pourra faire un referendum avec une modification de la Constitution en question, grâce à son article 11. Et, dans l’élan, le « oui » passera aisément…

Il faut être prudent avec la Constitution : elle se change facilement, dans certaines circonstances. C’est pourquoi les partisans de l’inscription de l’IVG dans ce texte est une aberration. Des réacs arrivant au pouvoir pourront la modifier : l'évolution n'apporte aucune garantie, contrairement à ce qui est dit.

 

Toujours est-il qu’il est urgent de se poser quelques questions à propos du Rassemblement National et dépasser le stade du « c’est mal, ce qu’ils veulent, et en plus ils sont des gros fachos avec du poil dans les oreilles ». Il vaudrait mieux se poser des bonnes questions sur ce qui le fait monter ce machin en dépassant le stade du « c’est de la faute des autres » ou « une majorité de Français devient nazi » (ou nazie, je ne sais pas…). 

16 avril 2024

Arrêtez d'emmerder les Français !

 


Dans cette vidéo TikTok, Jean-Luc Mélenchon donne une espèce de conférence devant des étudiants au sujet de « la société de consommation » et les travers du capitalisme. Je dois avouer que j’ai eu un éclat de rire, dès le début, quand il dit : « Pourquoi faut-il changer de tee-shirt tous les deux mois ? » J’avais envie de lui répondre : « parce qu’au bout d’une journée, ça commence à puer ! »

Et ce n’est qu’en écoutant la suite que j’ai compris de quoi il parlait (il faut dire que le premier sujet de conversation était les yachts qualifiés d’inutiles) : « et en acheter un autre simplement parce qu’il vaut 1 euro ? » J’ai alors compris qu’il parlait de tous les machins (comme les yachts…) qu’on achète trop facilement et que la société de consommation est à proscrire.

Je le croyais bon orateur mais il lui arrive de se planter. Cette fois en enchaînant deux exemples très distincts et en se plantant lamentablement dans la formulation… Peu importe.

A la radio, ce matin, j’entendais une cheffesse d’Emmaus (la responsable du service de vente à distance, si j’ai bien compris) qui se plaignait de la concurrence des sites de vente par correspondance, tels Amazon, je suppose, mais aussi des trucs de plus en plus à la mode, qui ne paient pas de frais de transport.

 

Est-ce qu’on ne pourrait pas arrêter d’emmerder les Français et les laisser acheter ce qu’ils veulent, à faible prix ? Ce n’est pas parce qu’on a, au fond, sans doute raison, que le sujet est porteur auprès du grand public. On n’est pas là pour faire l’éducation des masses (surtout dans une conférence dans une vidéo TikTok) mais pour se faire élire et, ensuite, mener une politique qu’on a présentée et que l’on pense bonne pour le pays ou la planète… et les habitants.

Il y a d’autres manières de critiquer la société de consommation… Et surtout ailleurs que dans TikTok ou devant des étudiants qui se battent probablement pour avoir des smartphones à la mode.

 

Dans le même registre, mon confrère Authueil qui fut un blogueur de droite par des voyages d’agréments dans son dernier billet, avec notamment les voyages dans des îles paradisiaques. Il faut un voyage en avion qui est mauvais pour l’effet de serre. Sur place, on pollue. Et on ne rend pas service aux populations locales qui restent dans la misère. Déjà, il pourrait éviter de dire ce qui est bien pour les indigènes sans leur poser la question !

Ensuite, je ne pense pas qu’il soit très vendeur pour les Français de leur expliquer qu’ils devront éviter d’aller se bronzer les fesses au bout du monde. Ils risquent fort de penser que l’on ferait mieux de s’occuper des nôtres même si, fondamentalement, il n’est pas improbable qu’on ait raison.

 

Ceci n'est pas une photo de Madame Rousseau

La plus emblématiques de ces leçons de morale vient de Sandrine Rousseau quand elle avait dit que c’était machiste de faire des entrecôtes au barbecue. Pour le machisme, elle raconte n’importe quoi mais « stigmatiser » les zozos qui aiment la bidoche suite un barbecue n’est pas fin même si, au fond, c’est mauvais pour la santé (surtout celle des vaches) et pour l’environnement.

 

Dans la série : qu’est-ce qui fait monter le FN ? C’était un élément de réponse.

 

Pompidou n’avait pas trop tort, quand il donnait son avis pendant l’année de ma naissance.

14 avril 2024

Allez, Manu ! Maintenant, il faut dissoudre...

 


LR court derrière le RN. Ces andouilles ont demandé un referendum sur l’immigration. Il a été refusé par le Conseil Constitutionnel. Les cadres de cette espèce de parti (Chirac doit se retourner dans sa tombe) crient à la confiscation de la démocratie et remettent en cause nos institutions. On croirait le père Le Pen quand il fustigeait « l’Establishment ». Dans la semaine, on a beaucoup parlé d’une motion de censure qui pourrait décider Emmanuel Macon à provoquer une dissolution.

Cela fait beaucoup jaser car il est à peu près sûr que le RN en sortirait grand vainqueur et obtiendrait une majorité (qui, si elle n’est pas absolue, pourrait largement suffire à gouverner).

 

De toute manière, la probabilité que le RN gagne la prochaine présidentielle et les législatives qui suivront est assez importante. Le RN pourrait ne pas gagner, bien sûr, notamment si un front républicain finit par se mettre en place (il n’y a rien de moins sûr), mais nous resterions dans une situation avec une France difficilement gouvernable.

Alors, si Emmanuel Macron se décidait à dissoudre plus tôt (trois ans avant l’échéance) et donc à propulser Marine Le Pen ou Jordan Bardella à Matignon, nous aurions l’occasion de les voir se planter, pendant une période où ils n’auraient pas les pleins pouvoirs, et montrer leur incompétence proche de celle des autres, en vue de la prochaine présidentielle.

Parfois, il faut savoir baisser les bras, ce qui est par ailleurs indispensable pour ouvrir une bouteille de vin.

 

Le seul truc qui me gène est que l’on va voir tous les imbéciles qui seront alors dans l’opposition rejeter les torts sur les autres en oubliant leurs propres responsabilités.


D'un autre côté, je vous conseille de regarder les vidéos des militants du RN sur TikTok, pour rigoler. On dirait des Versaillais...

09 avril 2024

Mes antiennes paraboliques

 


« Nous avons tous nos antiennes. Certains nous expliquent toute leur détestation de LFI et des gens de gauche plus généralement. D'autres nous racontent leur foi indéfectible dans l'ARN messager ou le nucléaire ou l'aéroport Notre Dame des Landes... Souvent les mêmes. Ils partagent leur point de vue sur les séries vues sur Netflix. » C’est ce que me répondait mon copain Denis, en parlant évidemment de moi, suite à mon dernier billet et je vais en profiter pour parler un peu de nucléaire.

Je vais, en préambule, parler de son commentaire. Il est vrai que j’avais mal formulé un passage de ce billet (je voulais parler de mes propres travers en tant que lecteur de blog, notamment quand je lisais ses billets, vu que ma réflexion est détournée par ses habitudes ce qui nécessite, pour moi, un effort particulier pour tout assimiler ; je lui présente mes excuses).

 


Ma détestation de LFI ? Ce n’est pas exact. Je passe le fait que je ne suis pas du tout opposé à une gauche radicale (mais républicaine, je reviendrai sur ce terme) et j’ai voté pour elle plus souvent « qu’à mon tour » (essentiellement parce que mon coin est ancré dans cette gauche radicale et le Parti Socialiste fait souvent figure de figurant aux élections locales).

Par contre, mon blog politique est un blog politique de centre gauche, ma « famille politique » et j’essaie en particulier de parler de ce qui faudrait qu’elle fasse pour gagner. La stratégie des écologistes et surtout des socialistes est mauvaise. Ceci n’est pas une analyse mais un constat : si la stratégie était bonne, la gauche n’aurait pas fait moins de 30% (dont 18,5% sans LFI) aux législatives de 2022 (contre près de 50% en 2012).

Or les partis politiques de gauche ont beaucoup couru derrière LFI, son programme, tout en tolérant ses dérapages par rapport aux valeurs républicaines.

Il me semble donc normal d’en parler. Par contre, je n’ai rien montré contre les gens de gauche « plus généralement » sauf lors de leurs dérapages par rapport à ces valeurs, ce qui était le cas, dans un récent billet, au sujet de « Les Ecologies – EELV ».

D’une part, ces valeurs sont contre l’idée que je me fais des valeurs républicaines et, d’autre part, elles ne font pas gagner la gauche et un projet politique qui serait issu d’un consensus entre les partis, projet auquel j’essaie parfois de contribuer même si le moment n’est pas vraiment venu.

 


Ma foi indéfectible dans l’ARN messager ? Je crois que je n’en ai jamais parlé ! Par contre, j’ai confiance dans le consensus scientifique établi par les scientifiques (les vrais, pas les gourous guignols à chevelure filasse) et retenu par les politiciens (parce que c’est leur job). J’ai donc une totale confiance dans les vaccins contre le covid mais j’ai exprimé plusieurs fois mon opposition au fameux « passe vaccinal ».

Par contre, je ne bâtis pas une théorie en m’autopersuadant que je suis un scientifique et en utilisant mon blog pour faire des démonstrations que je n’ai pas la capacité de faire. Je reconnais que cette phrase est assez peu aimable mais il ne fallait pas me parler de la foi dans un machin dont je n’ai jamais parlé.

Au fait, c’est un concept établi par des scientifiques français, ce qui leur a valu un prix Nobel. On va avoir du mal à lutter avec nos blogs…

 

L’aéroport Notre-Dame-des-Landes ? J’en ai beaucoup parlé à une époque parce que le sujet m’était cher. Je ne crois pas l’avoir beaucoup fait depuis l’abandon du projet et c’est toujours dans un contexte assez précis (outre le fait que je reste persuadé que cet abandon n’est pas bon pour l’environnement et je ne vais pas en débattre à nouveau : le thème est « clos »).

Je le fais pour deux raisons. D’une part, le projet était bon pour l’économie bretonne, aurait permis la construction d’une ligne TGV entre Rennes et Nantes (le sujet est toujours à l’ordre du jour mais est devenu risible à cause du tracé et du fait que les habitants des deux métropoles n’ont pas besoin d’un train pour aller d’une ville à l’autre ; par contre les Bretons en aurait bu besoin pour aller à l’aéroport). Le projet a été combattu par des mensonges dans tous les sens, sur le coût, l’utilisation des avions, l’environnement… Les électeurs ne sont pas dupes : les écolos se les sont mis à dos, pour ces raisons, mais aussi parce que les opposants à l’aéroport sont des « zadistes ».

D’autre part, la décision du gouvernement d’arrêter les travaux est un échec de la démocratie et de la République. L’enquête préliminaire avait abouti, les électeurs ont voté pour, mais il a fallu abandonner tout cela à cause d’espèce d’hippies squattant des fermes abandonnées. C’est une honte. Le pire est qu’une partie de la gauche s’est mise à soutenir Emmanuel Macron au sujet d’une de ses pires décisions.

 


Le nucléaire ? J’en parle assez souvent parce qu’il est emblématique d’une certaine fracture de la gauche, non pas entre « les écolos et les autres » mais entre ceux qui luttent sans cesse contre les décisions des gouvernements et les autres… Par contre, comme pour le vaccin contre le covid, je n’en parle pas en tant que spécialiste. Je ne le suis pas. Les « gens des rézossocios » ont l’habitude de se croire experts en à peu près tout.

Il se trouve :

Petit 1 : qu’il n’y a aucun consensus pour ce qui concerne des sources alternatives de production d’énergie, avec des méthodes moins polluantes ou plus économiques, quoi qu’en disent les militants écologistes.

Petit 2 : la France est un des pays qui émet le moins de CO2 parmi les pays industrialisés.

Petit 3 : la France est redevenue le premier exportateur d’électricité.

Petit 4 : il faut arrêter de nous les briser avec les réserves d’uranium. A eux seuls, l’Australie et le Canada ont 40% des réserves mondiales et, à ma connaissance, nous ne sommes pas en guerre contre eux et ils ne seront pas envahis par la Chine dans les prochains mois. Attention aux argumentaires mensongers. Ces réserves devraient satisfaire la consommation mondiale pour les 70 prochaines années.

Petit 5 : la France a besoin d’énergie pour son industrie (ceux qui veulent défendre le « made in France » ou la voiture électrique en luttant contre la principale source d’énergie me feront toujours rigoler).

Petit 6 : les Français sont partisans du nucléaire et ont peur d’une rupture d’approvisionnement (nous en étions régulièrement menacés). Ils ne voteront pour des formations politiques prônant la sortie rapide du nucléaire avec un remplace par d’hypothétiques renouvelables.

Petit 7 : il est faut de dire que le solaire et l'éolien pourraient répondre à nos besoins (l'hydraulique continue à assurer l'essentiel de la production de "renouvelable").

 


Par-delà ces considérations :

Petit a : on sait que les dernières technologies (l’EPR) ont été (très) couteuses et (très) longues à mettre en place. Il n’empêche que l’on voit le bout et l’EPR de Flamanville devrait être raccordé au réseau cet été. Il faut arrêter de dire qu’on n’y arrivera jamais.

Petit b : on sait que le nucléaire est potentiellement dangereux (mais il tue moins que d’autres énergies…) même s’il n’y a pas de consensus et que tout est à relativiser.

Petit c : on sait qu’on a des difficultés pour ce qui concerne les déchets.

Il n’empêche que l’on peut travailler sereinement sur l’après nucléaire et tout ce que nos scientifiques (nous n’en sommes pas) pourront pondre, par exemple à partir de l’hydrogène ou des gaz qui s’échappent de la bière, tout comme des systèmes de stockage.

Soyons raisonnables.

 

D’autres antiennes ?

J’ai parlé plus haut des valeurs républicaines. J’aurais pu dire « dont la laïcité ». Par « république » (ou « République »), je n’entends pas le système politique, surtout défini par rapport à la monarchie. Il ne faut d’ailleurs pas confondre « république » et « démocratie ». Il ne faut pas oublier que la RDA était une république et que la Corée du Nord en est toujours une. Des pays voisins du nôtre, chez les rosbifs, les espingouins (et un tas d’autres comme le Belgique, le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège…), sont des monarchies et nous ne leur tournons pas le dos,

J’entends par ces valeurs, celles de notre pays, portées par notre Constitution, pas notre histoire, nos traditions…

Les Français y sont attachés et c’est aussi pour cela que j’en parle, pas seulement par principe, mais parce qu’il n’y a pas de victoire politique possible sans elles.

Ainsi soit-il.


Je suis désolé d'avoir un autre blog où je parle des séries Netflix (et de cuisine ou de bistro, d'ailleurs).

 

 

 

 

 

07 avril 2024

Ces lecteurs qui ne comprennent pas

 


Je peste souvent contre les usagers des réseaux sociaux, blogs compris, considérant qu’ils sont tous des cons, à peu près tout le temps, mais, étant parfaitement lucide, je ne vois pas pourquoi je serais spécialement moins cons que les autres même si j’ai l’excuse de ne pas toujours y être à jeun. Je pourrais citer un tas de domaine où la connerie est sublimée mais étant un blogueur parfaitement sérieux, je vais me limiter, aujourd’hui à un seul aspect : les usagers en question sont souvent incapables de comprendre un texte dans sa globalité, quelle que soit sa longueur. C’est un peu comme s’ils se concentraient sur des détails et oubliaient le sens global.

Je vais montrer trois exemples, à propos de billets de blog que j’ai pondus, le premier étant court, les suivants plus longs. Les commentaires dont je vais parler sont soit sur le blog soit dans les médias sociaux traditionnels, essentiellement Facebook.



Premier exemple : la série « Tapie » chez Netflix

J’ai fait un billet pour dire que je ne l’avais pas aimé pour deux raisons. La première est anecdotique, en fait, mais elle porte sur un personnage public et n’est pas fidèle à la réalité (dans la fiction, il a deux enfants alors que, en vrai, il en a quatre), elle est à charge et elle n’est pas assez exhaustive (mais, si les producteurs avaient procédé autrement, elle aurait été trop longue et vraiment chiante). La deuxième est que le personnage ne m’est pas sympathique et comme il est menteur, traitre, manipulateur, malhonnête…, je ne pouvais pas m’y attacher. J’ai donc déconseillé à mes aimables lecteurs de la regarder.

Il y avait trois réactions possibles : « merci pour le conseil », « pas d’accord avec toi, j’ai bien aimé le personnage » et « d’accord avec toi ».

Il y en a deux autres types.

Le premier vient de personnes qui m’expliquent que j’ai eu tort de ne pas aimer la série. C’est surréaliste, comme si on pouvait discuter des goûts et des couleurs, comme si on devait m’expliquer que je me trompais en n’aimant pas les tomates voire en disant que j’ai tort de dire que je n’aime pas les tomates.

Le deuxième vient de zozos qui sont venues défendre le « vrai Bernard Tapie », disant que c’était un homme bien, qui avait beaucoup apporté à la gauche, au PRG… Ce n’était pas du tout mon sujet. Je ne parlais que de la série.  En outre, ce qui est également anecdotique, c’est que la démonstration était partiale : si Tapie a été virée du gouvernement par Mitterrand, par exemple, ce n’est pas une trahison de tonton mais parce que le type a été condamné par la justice.

 


Deuxième exemple : la possibilité de la réélection d’Anne Hidalgo

Fatigué de voir des commentaires à charge contre la dame et de constater la courte vue des « observateurs », j’ai fait un billet citant les raisons que pourraient avoir les Parisiens de voter pour elle. Je démarrais avec la nullité des autres forces politiques en présence, poursuivais en rappelant que les agences de notation internationale saluaient la gestion de la capitale et que le nombre de logements sociaux avait presque été multipliée par deux (je m’adresse tout de même essentiellement à des électeurs de gauche…). Et j’ajoutais que les travaux dans Paris n’étaient pas tous du fait de la dame et que, de toute manière, il était prévisible que notre bonne vieille plus belle vide du monde retrouve son calme après la fin de cette série de travaux, c’est-à-dire après les jeux olympique (j’ai résumé en 10 ou 12 lignes un billet de deux pages et demie sous Word).

J’ai pris soin de ne pas parler de la circulation (sauf sous l’angle de la gène engendrée par les travaux en question) parce qu’il est assez difficile d’être objectifs et sereins. Au fond, les détracteurs nous montrent des photos de la rue de Rivoli sans voiture mais tout ce qu’ils auraient à opposer serait des photos avec des voitures coincées dans les bouchons de la rue en question, donc une absence de circulation.

Quasiment tous les commentaires étaient pour dire : « je n’habite pas Paris mais je ne voterais certainement pas pour elle, elle a fait trop de mal à Paris » mais pas un seul ne m’a expliqué quel était le mal en question et comment, en tant que non parisien, il pouvait en juger ! Personne ou presque n’a évoqué mes arguments.

A noter qu’il y avait un commentaire plaisant, d’un Parisien, d’ailleurs, qui disait qu’elle avait fait du mal à Paris mais beaucoup moins que Pompidou (par exemple) et qu’elle, au moins, n’avait rien fait d’irréversible.

 


Troisième exemple : les infographies et les slogans en boucle des militants de gauche

 Mon avis est que ces braves gens ne travaillent pas assez et pondent des arguments sous la forme d’oukases qu’ils font tourner entre eux mais qui ne touchent pas les électeurs. J’en ai fait un billet pour dire que j’en avais marre… J’ai pris quelques exemples dont un qui était à la mode (la semaine dernière…) : les aides publiques aux entreprises sont trop importantes, elles sont devenues le « premier budget de l’Etat » et elles expliquent le déficit.

La vérité est plus complexe : les aides publiques sont aussi des orientations de l’économie qui devraient être chères à nos gauchistes mais aussi que, malgré les aides publiques, les contributions des entreprises privées au budget de l’Etat (et de la sécu) restent supérieures, en France, par rapport à nos voisins (les cotisations et impôts versées déduites des aides publiques en question restent très élevées).

Ainsi, il me parait judicieux d’approfondir la réflexion, de croiser des chiffres, quel que soit le sujet, plutôt que de pondre des infographies minables.

Evidemment le nombre de commentaires fut assez faible (tout comme le nombre de lecteurs, d’ailleurs) mais j’ai quand même vu un type « argumenter » à ce sujet précis des aides publiques, complètement à côté de la plaque (il disait que les aides publiques bénéficiaient aux grosses entreprises qui en profitaient pour pressuriser les sous-traitant). Je ne vais pas lui reprocher d’argumenter mais il l’a fait au moyen d’une espèce d’infographie (un genre d’animation graphique) avec uniquement cinq ou six lignes de texte (en gros caractères, au cas où j’ai perdu mes lunettes, je suppose).

J’ai rarement vu plus grotesque.

 


Pour conclure

Il nous faut analyser notre propre comportement. Pour ma part, il y a d’un côté la « production de contenu », en tant que blogueur d’une part mais aussi de guignol des médias sociaux d’autre part et, de l’autre côté, ce que je fais en tant que lecteur.

En tant qu’écrivailleur, mes billets sont généralement trop long pour maintenir l’attention du public (mais c’est plus fort que moi et la taille de mes billets « de fon » est à peu près constante depuis que je tiens ce blog : deux pages et demie sous Word, j’en suis au début de la troisième). En plus, j’ai une fâcheuse tendance à ne pas formuler de conclusion à part en introduction (regardez ce billet, elle est en gras dans le titre). C’est une déformation professionnelle : on met les éléments clés en début des documents afin qu’ils soient lu par les décideurs (la fin des documents est d’ailleurs réservée à des annexes presque inutiles).

En tant que lecteur, je ne pense pas être trop mauvais. Je lis tout et je l’assimile (je ne dis pas ça pour me vanter, voir plus bas). Par contre, quand je connais le rédacteur, ma lecture est déformée. Par exemple, dès que j’ai commencé celle du billet de Denis, ce matin, je me suis demandé à quel moment il allait parler du covid, des masques et des vaccins… Arrivé à ce stade, je me suis demandé quand il allait évoquer le nucléaire. Puis j’ai attendu qu’il parle des patelins de son coin et des subtilités administratives (c’est le thème de son billet) auxquelles je n’allais rien comprendre sans fournir un effort intellectuel. Je pourrais parler ainsi de chacun de mes potes blogueurs (même s’il en reste peu).

Je disais que « j’assimile ». Je pense qu’une grande partie des lecteurs se bloque dès qu’il lit un argument qu’il ne partage pas, sans penser au fait que ce n’est qu’un élément d’une argumentation. On parle de Tapie : c’est un margoulin ou un saint homme et basta. On arrête là. Tant pis si le billet concerne une série. On parle d’Anne Hidalgo, ça a été le bordel dans les rues. Et basta. On ne juge pas utile de lire. On parle des slogans de gauche et on cite l’argument des aides aux entreprises. Ces dernières se sucrent. Et basta. On se braque.

 

Deux pages et demie. J’y suis. Conclusion : les lecteurs de publications sur internet « sont souvent incapables de comprendre un texte dans sa globalité, quelle que soit sa longueur. »

Dans un billet ultérieur, nous traiterons des illustrations sans rapport et des erreurs de français qui perturbent la lecture.

04 avril 2024

Anne Hidalgo sera réélue !


 

J’avais l’habitude de rigoler avec le maire de ma commune. Dès qu’un truc n’allait pas, un nid de poule sur le trottoir, une poubelle renversée, un vélo garé dans le passage, un vendeur de cigarettes à la sauvette qui engueule ses collègues, un SDF qui prend comme domicile un ban public, une voiture arrêtée dans la voie de bus… Je lui disais : « c’est la faute de la commune ! » Il me répondait : « Non, c’est la faute du maire ! » Et on se marrait, sincèrement… (il plaisante moins depuis son enterrement). La liste qu’il menait avait gagné les municipales de 1995, 2001, 2008, 2014 et 2020 et il a été élu maire dans la foulée, à chaque fois. C’est ça qui nous amusait : les gens passaient leur temps à gueuler contre lui mais votaient toujours pour lui !

Il reste que Le Kremlin-Bicêtre n’est pas Paris… mais que tout le monde gueule contre Anne Hidalgo et beaucoup de personnes s’imaginent qu’elle n’osera pas se représenter ou qu’elle ne sera pas réélue. Au fait ! Ca fera dix ans, demain, qu’elle est mairesse de la capitale et, comme on dit chez nous, ça se fête la vieille !

Dans la meute des zozos qui la critiquent, beaucoup n’habitent pas Paris, mais ça ne les empêche pas de parier pour une défaite en 2026 sans vraiment s’intéresser aux sujets qui sont de la responsabilité de la mairie, à part la circulation automobile, la propreté et le ramassage des ordures.

Rien sur les crèches, les écoles, l’urbanisme, l’action sociale…

Je n’habite pas, non plus, ce patelin mais cela ne m’empêche pas de donner mon avis absolument pas éclairé.

 


Tout d’abord, je ne comprendrais pas qu’un militant socialiste puisse ne pas espérer sincèrement que Mme Hidalgo (ou son successeur à la tête des équipes socialistes de la capitale) l’emporte.

On peut soutenir la majorité présidentielle mais n’oublions pas qu’elle va probablement elle-même se ranger derrière Mme Dati, qu’elle vient de nommer ministre de la culture et qui est issue d’une droite proche de Nicolas Sarkozy.

2017 est loin ! Je comprends très bien qu’on ait pu suivre Emmanuel Macron à l’époque en étant de gauche. Moi-même, j’ai voté pour lui au premier tour. Je suppose qu’il y a environ la moitié des électeurs de François Hollande, en 2012, qui ont fait comme moi. Je vais rappeler mes motivations. La première est que le candidat du PS n’avait aucune chance même s’il portait les seuls sujets ayant en intérêt pour moi (autour de l’avenir du travail), montant une vision de la société que l’on voulait préparer et pas un catalogue de la Redoute de mesures pour faire gauchiste. La deuxième est qu’on avait un fort risque d’un second tour entre François Fillon et Marine Le Pen. Ces deux raisons sont bêtement électorales.

Il y en a une, par contre, qui explique le suivi : l’épisode des frondeurs avait marqué une impasse à gauche et il n’étais pas idiot de chercher une voie vers le centre, symbolisée par le « ni de droite ni de gauche ».

Or la politique menée a progressivement basculé à droite, proche du sarkozysme (d’ailleurs Sarkozy a « adoubé » Attal pour la prochaine présidentielle, pas plus tard qu’hier). La nomination de Rachida Dati à un ministère important (façon de parler…) est une ultime provocation. La macronerie va soutenir la liste de droite aux prochaines municipales à Paris.

 


On peut aussi soutenir « Les Ecologistes – Europes Ecologie Les Verts » (je ne sais pas trop quel est le nom de ces sapajous) parce qu’on est sincèrement écologiste (il est d’ailleurs amusant de voir que les écolos l’emportent surtout dans les grandes villes) mais…

Tout d’abord, EELV a signé un accord pour les dernières législatives, pour entrer dans la Nupes, avec expressément la possibilité de ne pas respecter les accords européens quand on les juge néfastes. Quand on a le mot « Europe » dans son parti, c’est inadmissible. Surtout, quand on est des défenseurs de l’environnement et qu’on ne comprend pas que les accords internationaux, surtout au niveau de l’Europe, sont indispensable pour imposer des normes diverses de défense de l’environnement, on mérite plus le cabanon que l’isoloir.

Ensuite, cet été, EELV a promu l’invitation d’un antisémite notoire à son université d’été. C’est inacceptable. Enfin, ce parti a lancé une cabale interne contre un de ses cadres historiques, François Bayrou Julien Bayou qui l’a poussé à la démission : EELV est haïssable. Je vous parle les propos grotesques enfilés par Mme Rousseau, comme le machisme des entrecôtes au barbecue…

Je voulais faire un billet complet pour casser EELV ce qui explique pourquoi j’en cause ici.

 


Les électeurs (surtout ceux d’ailleurs) critiquent beaucoup les travaux à Paris mais il est probable que la plupart sera terminée pour les JO et, s’il restera forcément des queues de chantiers, les grosses gènes, dans Paris, se termineront rapidement et auront été oubliées.

En outre, ce ne sont pas nécessairement les habitants de Paris qui supportent les problèmes de circulation.

Les électeurs ne mettront pas sur le dos de Mme Hidalgo la grève des éboueurs… qui protestaient contre la réforme des retraites et voudront bien admettre qu’une gêne temporaire ne mérite pas nécessairement des coûts supplémentaires.

Des coûts supplémentaires ! Beaucoup d’imbéciles critiquent la gestion financière de la ville. Mais, Moody’s vient d’attribuer la meilleure note possible, correspondant à une « gouvernance et une gestion très solides ». En outre, si la dette est passée de 1 à 8 milliards depuis l’arrivée des socialos à la Marie, le patrimoine, quant à lui, a augmenté de 30 milliards ! La vérité est donc sans doute que la collectivité s’est enrichie de plus 20 milliards en 23 ans.

Quant aux rats, je n’en ai pas vu (à part des patrons de bistro).

 


Enfin, on voit beaucoup dans les réseaux sociaux des remarques sur la baisse de la population parisienne. On nous dit : les pauvres quittent la commune. Il faudrait faire des études possibles (je parle de cliquer ce qu’il faut dans Google vu que je suppose que les vrais travaux ont été menés) mais on pourra aussi observer « les chiffres bruts » : la population est stable et le gros de la baisse a eu lieu avant l’arrivée de la gauche (voir le schéma moche)…

En outre, comme l’avait relevé Cédric Villani : « Avec 20.754 habitants par kilomètre carré, Paris se classe en effet très loin devant New Delhi (5.855 habitants) et New York (7.101 habitants). Cette ­densité fait de Paris la 8e capitale la plus dense au monde, derrière ­Manille (­Philippines), Bagdad (Irak), Dacca (Bangladesh), Port-au-Prince (Haïti), Katmandou (Népal), Malé (­Maldives) et Damas (Syrie). » Je traduis dans des termes sans doute moins corrects : Paris est la ville la plus dense du « monde occidental ».

Une baisse de la population (et donc de la densité) est pas très grave, au contraire ! C’est un pas vers la normalité… et cela diminuera peut-être la pression sur les logements.

 


Le logement, justement ! Autre sujet important (sûrement plus que la circulation de trois scooters) : les objectifs de la loi SRU sont atteints. On a évidemment une mauvaise répartition géographique entre les arrondissements et un ralentissement des nouveaux logements dans les dernières années (à cause de la diminution du foncier disponible), mais le boulot est fait. En 2001, il y avait 13,5% de logements sociaux. En 2025, le seuil de 25% sera atteint. En d’autres termes, depuis que la gauche est responsable de la municipalité, le nombre de logements sociaux a quasiment doublé (permettant le respect d’une loi mise en place par la gauche qui a ensuite durci les conditions).

Il ne s’agit pas de dire que tout va bien : les prix des logements « normaux » augmentent et les ménages avec des enfants ne peuvent plus habiter à Paris. Il faut néanmoins relativiser certaines informations (si les prix à l’achat grimpent, c’est aussi parce que l’offre baisse à cause de la multiplication des logements sociaux et même que je dis ça au hasard).

Toujours est-il qu’on pourrait avoir une baisse des prix avant la prochaine élection !

 


Toujours est-il que les JO vont bien se passer. Paris va redevenir un havre de paix, les transports en commun du Grand Paris (qui ne sont d’ailleurs que très peu parisiens) vont se développer, les bonnes nouvelles vont arriver sur différents fronts.

Anne Hidalgo aura réussi son mandat, en foutant le bordel surtout au début, et la ville sera bientôt, à nouveau, reconnue comme la plus belle du monde !

Ca s’arrose et ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain (surtout dans la Seine, d’ailleurs, pauvre bébé).


Il reste une étape à franchir : qu'Anne Hidalgo se représente ou nous dégote une personnalité un peu connue pour le faire...

01 avril 2024

Woke'n ploucs

 


Threads, le nouveau réseau social de Méta (Facebook, Instagram…) n’a pas perdu de temps pour devenir un bouge aussi glauque que Twitter (X) avec une grosse différence : les utilisateurs se croient beaucoup plus intelligents. On y trouve des gens normaux, évidemment, qui racontent des bêtises, un peu comme moi. C’est normal : X ne le permet plus vraiment et Facebook rend peu visibles vos âneries.

Par contre, on y rencontre beaucoup de militants « woke » dont beaucoup de féministes abrutis, de bienpensants, de justiciers des causes… qui n’ont souvent pas grand-chose dans le cerveau. J’en ai épinglé un, hier, qui disait : « les gars, on est d’accord qu’on ne répond pas aux publications des nazis et des machos pour ne pas leur faire de la publicité mais qu’on les signale et qu’on les bloque ». Rien que le fait qu’il commence par « les gars » aurait mérité qu’on le signale et qu’on le bloque, selon ses critères.

D’emblée, on notera leur propension à la délation. Ils bloquent qui ils veulent (même s’il est grotesque de ne pas lire les gens avec qui l’on n’est pas d’accord) mais, delà à dénoncer à Méta les gens qui ne pensent pas comme eux, il y a un pas ! D’ailleurs, ils doivent bien rigoler, chez Méta, à lire des cons leur expliquer qu’il faut supprimer les comptes de ceux qui prétendent avoir un gros membre ou expliquer qu’on ne peut pas expliquer qu’une jeune fille a un joli postérieur.  

Ils traitent « de nazis » mais, en fin de compte, s’en approchent de manière assez amusante.

 

Pour ce qui concerne les féministes, on en trouve, heureusement, plusieurs catégories. Il y a les personnes normales, qui défendent l’égalité dans tous les domaines où l’on peut agir (j’entends par là qu’on ne pourra pas demander au créateur de donner autant de force physique à une pétasse qu’à un lascar ; c’est trop tard). Et il y a les fous. Rien que pour ma parenthèse ci-dessus, je mériterais sûrement, à leurs yeux, la pendaison pour avoir utilisé le terme « pétasse »…

On les appelle les néoféministes et elles se placent dans une certaine dimension du wokisme, celle qui voudrait, excuser mes mots, couper les couilles à tous les locdus. Je dis « elles » mais on y trouve aussi un certain nombre de collabos testiculés…

 


On a un peu de mal à définir ce qu’est le wokisme. On apprend par Google que « désignant un courant de pensée d’origine américaine qui dénonce les injustices et les discriminations, le mot wokisme est employé de façon généralement péjorative pour dénoncer des méthodes jugées excessives par les détracteurs du mouvement. Wokisme est dérivé de l'argot afro-américain woke (« éveillé »), issu du verbe to wake (« se réveiller »). »

Ce qui m’amuse, c’est de voir des gens se prétendre « woke », notamment dans Thread, uniquement pour faire la nique aux détracteurs, un peu comme ils le faisaient avec islamogauchistes. D’ailleurs, tout se recoupe : « Tristane Banon dénonce les dérives du néo-féminisme, qui en vient notamment à tolérer le patriarcat musulman. La romancière et essayiste défend sans relâche le féminisme universaliste. » J’imagine que nos wokes doivent être un peu perdus entre une haine de Mme Banon et un soutien sans pareil vu qu’elle était une plaignante contre DSK.

Ce n’est pas toujours facile d’être à la mode.

 

 

Pourtant, elle met dans le mille avec nos wokes qui se disent islamogauchistes par réaction contre l’extrême droite, surtout qu’ils considèrent tous ceux qui ne pensent pas comme eux comme des dangereux fascistes. Je dois en être un d’ailleurs. Il n’empêche qu’en tant que type de gauche (là, c’est moi qui le dis, hein !), je ne comprends vraiment pas que l’on puisse défendre une religion, même au prétexte de laisser aux femmes la liberté de s’habiller comme elles veulent. Alors que l’actualité nous montre « qu’elles ne veulent pas » s’habiller comme la religion l’impose.

N'oublions jamais la phrase la plus célèbre de Marx, après « attention, dépêchons-nous, le bistro va fermer » : « la religion est l’opium du peuple » !

 


Ce wokisme ne peut être disjoint de ce qu’on appelle la convergence des luttes ou les luttes intersectionnelles, j’ai un peu mal retenu ma leçon, qui finit par opposer toutes les catégories de la population aux mâles blancs dominateurs. Je suis sauvé par ma capacité à me dire opprimé par les grossophobes ou par celui d’avoir eu ma bite dans le livre des records (avant d’être viré de la bibliothèque).

Mme Banon parle d’ailleurs à juste titre d’universalisme et je ne vois pas comment on peut se prétendre de gauche et ne pas être universaliste en défend les gens selon des catégories de genre, d’origine ethnique, de préférence sexuelle… Nos braves wokes pourtant officiellement bien à gauche oublient de défendre, pour autant, une catégorie de la population : les exclus pour raisons financières, les pue-la-sueur opprimés par le capital ! C’est tout de même ballot mais, au moins, je peux dire qu’ils auraient tort de se prétendre plus à gauche que d’autres.

 

Dans le wokisme, il y a aussi la chasse aux mots ! Ce qui a fait que l’éditeur de Mme Christie a renommé son livre phare « ils étaient dix » ou ce qui nous peut faire haïr pour parler de « pétasse » et de « pue la sueur » dans un billet de blog. Pourtant, dans ma bouche, ce n’est pas vraiment péjoratif mais, comme je vais avoir du mal à le prouver, je vais m’abstenir de toute démonstration. Par contre, je continuerai à défendre l’argot qui est, justement, le langage de la rue, peut-être celle des mâles blancs dominateurs mais certainement pas des plus vernis dans notre monde cruel.

Dans ma famille, on ne parlait pas trop argot. Je l’ai appris en lisant quelques livres louches (comme des San-Antonio) mais surtout entendu au fil de longues heures de comptoir. Ainsi, quand un type sort du bar et qu’un autre lui dit « passe le bonjour à ta grosse », cela veut simplement dire « je te remercie par avance de saluer de ma part ta tendre épouse ».

 


Samedi, en début de soirée, j’étais dans un des bistros de mon patelin du Centre Bretagne et je discutais avec des copines d’enfance. A un moment, je leur ai dit que j’aimais bien un autre établissement car il y avait plein de ploucs. C’était évidemment une discrimination de ma part, au moins dans le sens où il transparait que je pourrais me sentir supérieur.

De fait, peu après, j’ai changé de café et il y avait une de ces bandes de jeunes, quatre ou cinq, tout droit venus d’établissements agricoles avoisinants où ils officient comme garçons de ferme, comme mécaniciens agricoles ou tout simplement comme fils de paysans. Ils étaient accompagnés de trois pouffes. Ils étaient saouls, racontaient des histoires ignobles de gonzesses sautées dans le foin, de cuites abominables et surtout chantaient des « chansons à boire ». Ils étaient tellement bruyants que, avec le patron, nouveau dans le métier, nous étions pliés de rire.

De fait, je me demande ce que les pouffes pouvaient faire avec eux. Soit elles aiment ça, soit elles cherchent un époux. Cela ne me regarde pas.

Toujours est-il que j’ai eu des mauvaises pensées et ce que je viens d’écrire n’est pas trop aimable pour les individus qui sortent de notre campagne.

Ils mériteraient tout de même d’être soutenus par les wokes, non ?

L’intersectionnalité, ce n’est pas toujours facile. Et je me demande si le wokisme est vraiment un truc rural ?

31 mars 2024

La gauche et ses slogans "économiques"

 

Je suis persuadé que la gauche ne gagnera jamais avec des infographies idiotes et des slogans idiots : ils ne font que convaincre les gens de gauche de voter à gauche. Ou à l'extrême droite pour virer les libéraux... 

Prenez celle à gauche, ici. On voit l'aide publique aux entreprises privées augmenter beaucoup plus que les dépenses de prestation sociale. Je l'ai vu beaucoup circuler dans les réseaux sociaux depuis quelques jours. 

Elle masque deux vérités. La première est que les prestations de protection sociale sont cinq fois supérieures aux aides publiques aux entreprises privées. Le coup de la base 100 en 2005 est assez médiocre.



Ces aides publiques aux entreprises est quelque chose qui fait beaucoup parler, de nos jours. Voir l'illustration à droite, par exemple, avec la photo de notre ministre de la dette et du roman porno. 

C'est omettre que les aides en question sont là pour défendre des politiques publiques, comme des subventions à la SNCF pour "l'aménagement du territoire" ou à Orange pour réduire les zones de fracture numérique.  Le reste des aides concerne des prêts et autres crédits mais surtout des réduction des cotisations patronales pour améliorer la compétitivité des entreprises françaises. Serions-nous à un chômage de l'ordre de 7% si on ne l'avait pas fait.


Dans un moment d'euphorie, je vous livre un joli graphique (à gauche) qui montre un peu la même chose : à savoir une augmentation des prélèvements sur les ménages contre une baisse des prélèvements des entreprises. Là aussi, l'échelle est trompeuse : le prélèvement des particuliers a augmenté de trois points, celui des entreprises baissé de 0,5. Ils n'ont jamais été égaux...

La vérité est autre. Voir le graphiques un peu plus bas, à droite. Le prélèvement sur les entreprises, diminué des aides publiques qu'elles reçoivent, restent supérieures à celui chez nos voisins.


A noter que je ne cherche pas à démontrer quoi que ce soit pour la politique économique (à part ce dont je suis persuadé mais qui n'est pas mon sujet, aujourd'hui : nos entreprises ne pourront pas être compétitives face à ceux de nos voisins qui ont un tiers de taxation en moins) mais uniquement qu'il faut arrêter de pointer des chiffres et des slogans dans tous les sens si on veut montrer une petite dose de sérieux (mon sujet aujourd'hui pourrait être qu'il faut négocier au niveau européen une harmonisation de ces trucs mais je n'y crois pas vraiment).



Changeons un peu de registre, pour nous divertir, avec un schéma assez basique : une vulgaire courbe bleue. Que j'ai mise à gauche. Il s'agit de la part du "coût du travail pour les entreprises" en pourcentage de la valeur ajoutée. Il n'y a pas un truc qui vous parait évident ?

Cette part a surtout baissé au début du premier septennat de Mitterrand, avec toutes les "bonnes mesures" prises par la gauche. Faut-il en tirer une conclusion ?



Ainsi, il y a d'autres schémas qui mériteraient une analyse plus fine. Celui à droite, là, a son échelle "du bas" qui n'est pas linéaire. Il représente le taux d'imposition par "décile", soit en fonction du niveau de revenus de la population (à droite, par exemple), on voit le niveau des taxes et impôts pour les 10% avec les revenus les plus bas. Là, je vais virer gauchiste ! Attention.

Tout d'abord, le niveau de progressivité de nos impôts est dérisoire. Les plus pauvres contribuent, en proportion, un peu moins que les autres mais des 10 ou 20% aux 98%, le taux d'imposition reste coincé aux alentours de 47 ou 48%. Les impôts sur le revenu augmente, certes, mais la TVA payée, quant à elle, diminue (toujours en proportion). Il faudrait étudier dans le détail mais il me semble que la part des cotisation salariales et autres taxes sur le salaire (hors IR et CSG) baisse beaucoup. Je n'en tire pas de conclusion. Mais réhabiliter l'impôt progressif sur le revenu me semble nécessaire. 

A la toute droite du schéma, on voit que les 1% des gugusses avec les plus hauts revenus (en gros, cela représente des salaires net mensuels de plus de 10 000 euros) sont largement favorisés.


On arrive vers la fin des jolies illustrations à propos d'un slogan qu'on entend beaucoup à gauche (y compris par les cadres du PS) : "il faut taxer les superprofits".
Pour ma part, je vais oser dire que, comme notre ministre des trous noirs, je ne sais pas trop ce que c'est (c'est en mensonge de ma part, il y a une page Wikipédia à ce sujet, je veux dire que je ne sais pas ce que cela veut dire au niveau d'un slogan).

Il me semble qu'on a déjà un impôt sur les sociétés qui permet de taxer les profits (super ou non).


Cela nous donne l'occasion de mettre un joli nouveau graphique qui montre que l'imposition sur les sociétés non financière est déjà plus importante en France qu'ailleurs (ceci est à relativiser, je ne sais pas si les taux sont toujours d'actualité et si les entreprises n'arrivent pas à faire quelques optimisations). je me demande si une harmonisation ne serait pas nécessaire.

Toujours est-il que je ne veux rien démontrer au sujet des superprofits (il me semble logique d'augmenter fortement les impôts des entreprises qui profitent - même malgré elles - des crises divers pour avoir un bénéfice largement supérieur à l'habitude ; ce qui est notamment le cas dans le secteur de l'énergie).

Mais la gauche gagnerait largement en sérieux et en crédibilité en expliquant ce qu'elle compte faire plutôt qu'en hurlant des slogans...